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En achetant du bareback, ils créent ou renforcent le marché. Si ces films n'étaient pas achetés, les producteurs considéreraient de leur intérêt de faire remettre les capotes aux acteurs. J'enfonce une porte ouverte? Je ne vous le fais pas dire. Alors pourquoi continuer à en acheter?
Les établissements diffèrent des simples consommateurs par le fait qu'ils se présentent comme des intermédiaires privilégiés de la lutte contre le SIDA et les IST. Des affiches, des flyers partout prônant le port du préservatif... Et des films diffusés où on n'en porte pas! C'est absurde et intenable comme position.
Et les conséquences des diffusions dans un établissement de sexe sont doubles.
D'abord, les diffusions dans les espaces de convivialité insinuent l'impression que, puisqu'on discute tous ensemble en prenant un café, ce qu'on regarde est aussi anodin que le café. Pas de quoi fouetter un chat avec des acteurs sans préservatifs. Et puis les acteurs sont des pros, pas vrai? S'ils n'en mettent pas, c'est qu'ils savent ce qu'ils font. Passe-moi le sucre. Et puis au moment de passer à l'acte, l'image revient. Puisque dans le film ils n'en mettaient pas, est-ce vraiment nécessaire d'en mettre nous-mêmes?...
Mais surtout, les diffusions dans les espaces de sexe, en même temps que l'acte sexuel, rendent terriblement tentante la perspective de ne pas la mettre, cette capote, puisque ceux qu'on a sous les yeux, qui ont l'air de prendre un tel pied et qui sont de tels pros n'en mettent pas. Et puis on est dans le noir, ça protège de tout.
Quoi qu'il en soit, cela fait plusieurs fois que j'expose mon point de vue aux gentlemen de certain sauna (que les lecteurs de la première version de cet article connaissent mais dont j'ai supprimé le nom depuis car l'effet souhaité a pu être atteint). Cela fait des mois, bien avant cette attaque associative américaine contre l'industrie du porno.
D'ailleurs, je suis persuadée que lors des passages de membres d'associations de lutte contre le SIDA qui viennent y faire de la prévention, les films sont à acteurs encapuchonnés.
Il m'a été entre autres répondu que le SNEG n'avait pas donné de consignes à ce sujet. Allons bon, depuis quand les consignes du SNEG sont-elles les seules à régir les établissements de sexe? Et puis moi je m'en fiche, puisqu'ils m'admettent en tant que cliente hétéro. Alors l'argument du SNEG est un peu léger...
S'il n'y en a pas d'autre, on pourrait arrêter les diffusions de films bareback et jeter les stocks à la poubelle, ou mieux, les renvoyer au distributeur? C'est une question de responsabilité sociale. Quand on est un professionnel, on n'a pas le droit d'inciter des clients à ne pas se protéger, ni de contribuer par un acte d'achat à mettre en danger la santé d'autrui.
L'excellentissime vidéo de AIDES sur le sujet :
Aides - Le Film X
par PeteRock
UN PETIT DOSSIER DE PRESSE POUR ENFONCER LE CLOU
Dominique Baudis s’engage en faveur d’une pornographie éthique et exemplaire
publié en ligne : 10 février 2006
A la demande d’Act Up-Paris, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a envoyé lundi 30 janvier un courrier aux chaînes diffusant des programmes à caractère pornographique, les enjoignant à ne diffuser que des films X tournés avec préservatif ainsi qu’à placer un spot de prévention avant chaque film. Selon les engagements de Dominique Baudis, président du CSA, cette proposition ferme mais non contraignante pourrait, si elle n’était pas suivie d’effets, déboucher sur des mesures coercitives lors du renouvellement des conventions avec l’ensemble de ces chaînes.
Lundi 16 janvier 2006, trois militantEs d’Act Up-Paris s’entretenaient avec Dominique Baudis et Agnès Vincent-Deray, membre du Collège du CSA en charge de la déontologie, sur la question de la prévention dans les programmes à caractère pornographique diffusés par les chaînes de télévision.
De nombreuses chaînes proposent à l’heure actuelle ces programmes et pour certains films, les tournages ont été réalisés sans le port du préservatif, seul moyen de se prémunir de la transmission des IST (Infections Sexuellement Transmissibles), dont le VIH/sida. Nous ne pouvons l’accepter : d’une part, ces conditions de travail mettent en danger la santé des actrices et des acteurs, d’autre part de tels films banalisent l’épidémie de sida et la prise de risque auprès des téléspectatrices et téléspectateurs. Nous pointons à ce titre la nécessité d’exemplarité de la pornographie, premier vecteur d’imagerie sexuelle.
Afin d’inciter les chaînes à plus de responsabilité, D. Baudis a envoyé une lettre aux présidents du groupe AB et des chaînes Multivision, TPS Cinéma, Canal +, Pink TV et Ciné Cinéma Frisson, diffusant tous des programmes de catégorie 5. Dans cette lettre, il indique : "le Conseil considère que, du fait du caractère très particulier de ces programmes qui impliquent des relations sexuelles réelles de la part des acteurs, et de leur impact potentiel sur leur public en termes de banalisation de comportements sexuels, la représentation de relations sexuelles non protégées est un enjeu de santé publique. S’adressant aux présidents : " [le Conseil] souhaite connaître les mesures que vous prenez à ce sujet dans le choix des programmes que vous diffusez sur votre antenne ", puis " le Conseil vous demande de ne pas diffuser sur vos antennes (....) de programmes à caractère pornographique (de catégorie V, déconseillés aux moins de 18 ans) dans lesquels les relations sexuelles ne sont pas protégées (port du préservatif). La lettre termine par : le Conseil estimerait salutaire que ces services diffusent régulièrement des messages de prévention tels que ceux disponibles auprès des organismes publics chargés de la lutte contre le sida.
Act Up Paris prend acte de cette action en faveur de la prévention et attend maintenant des réponses et des engagements précis des chaînes concernées.
Courrier de Dominique Baudis adressé à Act Up-Paris :
Paris, le 1 février 2006
Monsieur le Président,
L’association que vous présidez a récemment appelé l’attention du CSA sur les risques liés à la diffusion de programmes à caractère pornographique comportant des relations sexuelles non protégées.
Dans un entretien auquel assistait Mme Agnès Vincent-Deray, membre du Collège en charge de la déontologie des programmes, vous avez insisté sur les risques vitaux encourues par les personnes qui tournent dans ces programmes et sur les effets que pourrait avoir une telle banalisation de comportement à risque auprès du public.
Comme je m’y étais engagé lors de cet entretien, j’ai proposé aux membres du Collège que le Conseil s’adresse à tous les présidents de chaînes dont ils assument le contrôle et qui diffusent ce type de programmes de catégorie V pour qu’ils renoncent à diffuser des films dans lesquels les relations sexuelles ne seraient pas protégées. Cette décision ayant été acceptée à l’unanimité du Collège, j’ai le plaisir de vous faire parvenir ci-joint copie de ces courriers.
Sachez que je me félicite que cette collaboration avec votre association et le CSA ait pu aboutir à une décision importante au regard de la santé publique.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’expression de mes sentiments distingués.
Dominique Baudis
Courrier envoyé par Dominique Baudis aux présidents des chaînes :
Monsieur Claude BERDA, Président d’AB
Monsieur Emmanuel FLORENT, Président de Multivision, TPS Cinéma
Monsieur Bertrand MEHEUT, Président Directeur Général de Canal+
Monsieur Pascal HOUZELOT, Président de Pink TV
Monsieur Bruno THIBAUDEAU, Directeur Général de Ciné Cinéma Frisson
Paris, le 1 février 2006
Monsieur le Président,
L’attention du Conseil supérieur de l’audiovisuel a été appelée récemment par l’association de lutte contre le SIDA Act Up sur les risques liés à la diffusion de programmes à caractère pornographique comportant des relations sexuelles non protégées. Act Up s’inquiète des risques vitaux encourus par les personnes qui tournent dans ces programmes, ainsi que les effets de banalisation de comportements à risque auprès du public de ces programmes.
Le Conseil considère que, du fait du caractère très particulier de ces programmes qui impliquent des relations sexuelles réelles de la part des acteurs, et de leur impact potentiel sur leur public en termes de banalisation de comportements sexuels, la représentation de relations sexuelles non protégées est un enjeu de santé publique. Il souhaite connaître les mesures que vous prenez à ce sujet dans le choix des programmes que vous diffusez sur votre antenne.
La plupart des chaînes qui diffusent des programmes à caractère pornographique se sont engagées dans leur convention avec le CSA à ne pas diffuser de programmes incitant à des comportements préjudiciables à la santé publique, ou à ne pas inciter à des pratiques ou des comportements délinquants ou inciviques (article 10 de la convention de Canal+, article 2-3-3 de la convention de Kiosque). Il apparaît que la diffusion de programmes à caractère pornographique dans lesquels des relations sexuelles entre partenaires occasionnels ne sont pas protégées comportent un risque d’incitation à des comportements préjudiciables à la santé publique ou à des comportements délinquants tendant à la mise en danger de la vie d’autrui.
C’est pourquoi le Conseil vous demande de ne pas diffuser sur vos antennes (....) de programmes à caractère pornographique (de catégorie V, déconseillés aux moins de 18 ans) dans lesquels les relations sexuelles ne sont pas protégées (port du préservatif).
Par ailleurs, le Conseil estimerait salutaire que ces services diffusent régulièrement des messages de prévention tels que ceux disponibles auprès des organismes publics chargés de la lutte contre le sida.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée.
Dominique BAUDIS
http://www.actupparis.org/spip.php?article2337Dossier porno et sida Droits des actrices et des acteurs
publié en ligne : 23 juin 2006 dans Action 103
La protection de la santé est un droit élémentaire auquel peut prétendre toutE employéE et qui incombe à l’employeurSE, eu égard au Code du travail. Les tournages réalisés sans préservatifs font prendre des risques considérables aux actrices et aux acteurs en termes de transmission des IST, dont le VIH/sida.
Deux arguments sont utilisés par les productions pour tenter de se dédouaner.
Le premier est celui de la responsabilité individuelle. Les acteurRICEs, conscientEs des risques pour leur santé, choisissent en toute liberté de les courir. Mais cette liberté est très relative : les cachets plus élevés proposés par les productions, la rareté des tournages et la faiblesse de l’offre maigre face à la demande des acteurs qui ont besoin de gagner leur vie peuvent pousser à accepter ces conditions. Face à la pression financière et à l’instabilité de son statut (« il y en a dix qui attendent après toi »), unE employéE est rarement en position de force devant unE employeurSE. De surcroît, les bases de la prévention et les risques associés à chaque pratique peuvent très bien ne pas être connus des acteurRICEs, compte tenu notamment des budgets moribonds alloués à la prévention du VIH/sida.
Le second est hautement discriminatoire et inefficace : il s’agit de sélectionner les actrices et les acteurs en fonction de leur statut sérologique en demandant un test VIH (sérotriage). C’est ce qu’assume Stéphane Moussu (Clair Production) dans le dossier du magazine Têtu du mois de novembre 2005 intitulé Voyage au cœur du porno gay français : « j’ai refusé d’engager un modèle magnifique (il a fait deux jaquettes) le jour où je l’ai rencontré, car il n’avait pas son test. Il était hors de question pour moi de faire prendre un quelconque risque aux autres acteurs. Nous avons travaillé avec lui par la suite... et je peux toujours me regarder dans la glace. » Sauf qu’entre l’instant de la contamination et sa détectabilité par les tests, une période (fenêtre) de séroconversion de plusieurs semaines existe. Il est probable que l’acteur dont parle M. Moussu ait présenté un test négatif tout en étant séropositif, parce que ce test a été effectué au début de sa séroconversion. Dans ce cas, tous ses partenaires risquent également d’être contaminés. S’ils sont tchèques ou lettons, comme c’est souvent le cas chez Clair Production, parviendront-ils à assurer le prix d’un traitement à vie avec le cachet reçu ? On peut légitimement en douter. Avec l’usage du préservatif, touTEs les acteurRICEs peuvent se porter candidat, séropositifVEs comprisES.
La fenêtre de séroconversion n’est pas un concept médical désincarné, et concerne aussi la pornographie. Elle le fut hautement en 2004 aux Etats-Unis lors de la fameuse affaire californienne, où les deux sociétés de films pornos hétéros Evasive Angles et TTB Production ont été condamnées par le State Division of Occupational Safety and Health à verser 30 000 dollars d’amende.
Le magazine américain Weekly du 23 septembre 2005 rapporte que trois actrices et un acteur ayant eu des relations sexuelles non-protégées lors de tournages ont été diagnostiquéEs séropositifVEs.
Les dates sont ici particulièrement importantes. On sait qu’aux Etats-Unis, les actrices et les acteurs sont très régulièrement soumis à des tests de dépistage. L’acteur en question, Darren James, a été diagnostiqué négatif le 12 février 2004 ainsi que le 17 mars 2004, puis positif le 9 avril. Entre le 12 février et le 17 mars, il s’est rendu au Brésil pour y tourner plusieurs films sans préservatifs. Sur place, il a eu des symptômes de la grippe, qui ont disparu autour du 10 mars 2004, avant son retour en Californie. A son retour, l’acteur a tourné avec treize actrices : il y a été autorisé car son dernier test, datant du 17 mars, était négatif. Par la suite, trois de ces actrices ont été diagnostiquées séropositives, respectivement les 13 et 25 avril et le 5 mai. Celles dépistées les 13 et 25 avril ont tournées sans préservatifs avec l’acteur le 24 mars, la troisième le 30 mars. En date du 20 mai, Darren James a indiqué ne pas avoir eu de relations sexuelles en dehors des tournages depuis le 12 février.
Ainsi, suite à sa propre contamination très certainement au Brésil, les symptômes de la grippe révélant en fait une primo-infection, l’acteur a contaminé trois de ses partenaires, parce qu’il était séropositif en période d’incubation, bien que diagnostiqué séronégatif par le dernier test précédant les tournages. La période de non-détectabilité de l’infection était d’au moins 8 jours et d’au plus 50 jours.
Le dépistage comme prévention du sida auprès des acteurRICEs est donc non seulement discriminatoire mais inefficace, pouvant conduire, comme sur l’exemple américain, à la contamination de trois actrices et d’un acteur, chiffre qui aurait pu inclure les 10 autres actrices avec lesquelles l’acteur, a tourné sans préservatifs durant la deuxième quinzaine du mois de mars. Sans compter les acteurs avec lesquels ces 10 actrices ont pu tourner durant leur propre période d’incubation, et/ou leurs partenaires privéEs éventuelLEs.
Après cette affaire, les responsables de la santé du comté de Los Angeles ont écrit à 400 producteurRICEs et réalisateurRICEs pour demander que les actrices et acteurs utilisent systématiquement le préservatif. Mais l’industrie du X américaine n’a pas jugé bon de suivre ces recommandations. Elle a fait mieux : suite à l’annonce de la séropositivité de deux acteurs pornos, les 60 actrices ayant eu des rapports sexuels avec ces deux acteurs ont été mises en quarantaine et dépistées. Les résultats des tests ont révélés que trois actrices parmi les 60 étaient séropositives. Les cinq actrices et acteurs ont alors été congédiéEs et, le scandale retombé, les tournages, toujours sans préservatifs, ont repris comme si de rien n’était.
http://www.actupparis.org/spip.php?article2444Porno - Laxiste sur le latex
Par Céline MONCEL, le 21 août 2009 à 10h45, mis à jour le le 21 août 2009 à 12:01
Une association américaine de lutte contre le sida attaque en justice 16 producteurs de films pornographiques. Elle les accuse de ne pas imposer le port du préservatif chez les
acteurs.
Sidaction
Le port du préservatif, c'est loin d'être automatique dans les films pornographiques. En Californie, c'est le cheval de bataille de AIDS Healthcare Foundation (AHF). La fondation américaine de lutte contre le sida vient de déposer plainte, la dernière d'une longue série, contre 16 producteurs de films pornographiques, auxquels elle reproche de ne pas imposer à leurs acteurs le port du préservatif.
Une pratique courante dans l'industrie du porno qui met à mal toutes les actions de prévention de l'Etat et des associations, et qui menace directement les acteurs. L'AHF réclame
aujourd'hui aux autorités davantage d'efforts pour protéger ces acteurs, concentrée dans la vallée de
San Fernando, au nord de Los Angeles, non loin des studios hollywoodiens. Pour Whitney Engeran-Cordova, directrice du département santé d'AHF, "en recommandant, sans l'exiger, le
port du préservatif sur les plateaux, le comté de Los Angeles manque à sa principale responsabilité, qui est de protéger la santé publique".
En 2004, les autorités californiennes de la Santé avaient proposé des mesures pour contrôler l'industrie pornographique, parmi lesquelles l'usage obligatoire du préservatif pendant les
tournages, après que plusieurs acteurs eurent découvert qu'ils étaient séropositifs. La nouvelle avait déclenché une vague de panique dans l'industrie, qui avait interrompu les
tournages pendant 60 jours, afin de permettre à des dizaines d'acteurs de se faire dépister. Mais plusieurs sources avaient alors révélé que les producteurs de films pornographiques
payaient davantage les acteurs qui acceptaient de jouer sans protection.
http://lci.tf1.fr/monde/amerique/2009-08/laxiste-sur-le-latex-4904429.html
USA: l'industrie porno poursuivie pour des films bareback Par Rédaction vendredi 21 août 2009, à 15h51 | 4991 vues Plus de: Etats-Unis, porno, bareback
La plainte stigmatise particulièrement 60 films, dont 3 gays, de 16 sociétés de production. Déjà en 2004, la révélation de la séropositivité de plusieurs acteurs X avaient semé la panique dans cette industrie.
La fondation de lutte contre le sida AIDS Healthcare Foundation (AHF) a déposé une plainte, jeudi, contre 16 producteurs de films pornographiques basés en Californie (ouest), auxquels elle reproche de ne pas imposer à leurs acteurs le port du préservatif.
AHF, dont le siège est situé à Los Angeles, a joint à sa plainte 60 films produits en Californie par 16 sociétés de production, dans lesquels les acteurs ne portent pas de préservatif. Dans cette liste figurent 3 films gays ou bisexuels.
Des acteurs mieux payés
Cette plainte est la dernière en date d'une longue liste, AHF réclamant aux autorités de l'Etat qu'elles fassent davantage d'efforts pour protéger les acteurs de l'industrie
pornographique, concentrée dans la vallée de San Fernando, au nord de Los Angeles, non loin des studios hollywoodiens.
En 2004, les autorités californiennes de la santé avaient proposé des mesures pour contrôler l'industrie pornographique, parmi lesquelles l'usage obligatoire du préservatif pendant les tournages, après que plusieurs acteurs eurent découvert qu'ils étaient séropositifs. La nouvelle avait déclenché une vague de panique dans l'industrie, qui avait interrompu les tournages pendant 60 jours, afin de permettre à des dizaines d'acteurs de se faire dépister.
Mais plusieurs sources au sein de cette industrie avaient alors révélé que les producteurs de films pornographiques payaient davantage les acteurs qui acceptaient de jouer sans préservatif.
En bonus, le film «How I Roll» tourné par des acteurs porno pour le port du préservatif:
Et cette publicité de «lapins sauteurs» qui fait la promotion du safe sex avec humour:
http://www.tetu.com/actualites/sante/usa-lindustrie-porno-poursuivie-pour-des-films-bareback-15314
Monde 23/10/2009 à 00h00 Contaminés sous X
grand angle
Malgré les cas de sida et les plaintes juridiques, l’industrie du porno californien s’oppose au port obligatoire de la capote. Déjà plombée par la crise économique, elle craint une chute de ses ventes.
Par
LAUREEN ORTIZ LOS ANGELES, de notre correspondante
Quasi intouchable depuis une vingtaine d’années, la «vallée du porno», haut lieu mondial du cinéma X blotti derrière les collines d’Hollywood, commence à trembler. L’onde de
choc est venue d’une association de lutte contre le sida qui a attaqué cette «industrie» juste avant l’été, après qu’une actrice a été testée positive au VIH en juin et qu’elle a,
malgré cela, travaillé dès le lendemain… «Nous avons l’intention d’empêcher les tournages sur lesquels on n’exige pas le port du préservatif. Dans toutes les industries, les
employeurs doivent protéger les gens contre les accidents du travail. On porte bien des masques dans des secteurs comme la chimie ou des casques sur les chantiers…», explique
Michael Weinstein, à la tête d’Aids Health Foundation, association à l’origine d’une plainte auprès des autorités sanitaires californiennes. Plainte à laquelle s’est jointe
Shelley Lubben, ancienne actrice de porno, aujourd’hui présidente de l’association Pink Cross Foundation. «Je ne connaissais pas les risques du métier jusqu’à ce que je
contracte le papillomavirus et l’herpès, raconte-t-elle. Le médecin m’a dit que j’avais des lésions cancéreuses sur le col de l’utérus ; s’en sont suivis de nombreux
problèmes de santé, des hémorragies… Avant cela, je croyais les pornographes quand ils disaient que si nous faisions tous des tests, nous étions protégés. Tout ce que je voyais,
c’était cette image glamour de l’industrie porno dépeinte dans les médias.»
A l’époque polytoxicomane, «alcool, cocaïne, marijuana, LSD et ecstasy», elle a besoin d’argent. Agressée sexuellement à l’âge de 9 ans et virée de chez elle à 18 ans, elle pense alors «sexe signifiait amour». «Sans compétence, sans aide, j’avais l’impression de ne pas avoir d’autre choix, je prétendais que j’aimais mon métier, je mentais à mes fans.»
Loi et fantasmes
La dernière déclaration de cas de VIH, en 2004, n’a rien changé aux règles du jeu, mais cette fois, les choses pourraient prendre une autre tournure. Dans cette enclave au cœur de la vallée San Fernando, la loi de la jungle règne en maître depuis la légalisation, de facto, de l’industrie pornographique à la suite d’une décision de la Cour suprême californienne en 1988. Dans un arrêt connu sous le nom «People Versus Freeman» - Harold Freeman était le patron d’une société de production de «films pour adultes», Hollywood Video - la Cour avait estimé qu’il était légal de tourner des films pornos en vertu du premier amendement de la Constitution américaine qui garantit la liberté d’expression. Elle avait, du même coup, rejeté l’argument de la partie civile qui faisait de la pornographie une activité similaire à la prostitution. Selon la Cour suprême, les acteurs jouent des scènes pour le compte d’une œuvre et non pour le bénéfice d’un proxénète.
L’industrie du porno, qui était alors à San Francisco et à New York, a convergé vers Los Angeles, formant l’envers du décor d’Hollywood. Nombreux sont ceux qui, comme ce chef opérateur français, ont franchi la barrière entre les deux univers : «C’est de l’alimentaire, explique-t-il, préférant l’anonymat. Beaucoup de techniciens qui travaillent à Hollywood font aussi du porno à leurs heures.»
Contrairement au milieu très encadré du cinéma «classique», les producteurs ont, dans le X, d’une liberté totale. Ces grands patrons du hard génèrent un business dont le chiffre d’affaires est estimé à 13 milliards de dollars par an (8 milliards d’euros), affirme Diane Duke, présidente du lobby pro-porno, la Free Speech Coalition.
Comme dans aucun autre secteur d’activité, les travailleurs n’ont, dans le porno, aucun droit et aucun représentant syndical. Chacun négocie son tarif et définit ses propres limites. Et chacun tente d’oublier qu’il est exposé aux maladies sexuellement transmissibles, Sida en tête.
Que peuvent faire les autorités ? Amy Martin, conseillère spéciale au département de santé californien, affirme que le non-usage de préservatif est «une violation de la loi californienne pour les travailleurs» en vertu d’un texte protégeant contre l’exposition au sang. Depuis 2004, plusieurs entreprises ont d’ailleurs été punies d’une amende à la suite de plainte. «Dans le pire des cas, la note s’élève à 25 000 dollars [environ 16 000 euros]», explique-t-elle. Pas énorme. Sans compter que «de nombreuses sociétés sont underground et n’ont ni bureaux ni adresses».
Chez Wicked Pictures, grosse société qui produit des films de «50 000 à plusieurs centaines de milliers de dollars»,selon son propriétaire Steve Orenstein, est plutôt au dessus de la moyenne «située autour de 20 000 à 50 000 dollars», note Mark Spiegler, manager de Spiegler Girls, une agence d’actrices X. Certes, ce n’est rien à côté des gros studios hollywoodiens, mais la salle de réunion des décideurs de Wicked avec ses grands fauteuils en cuir noir, ses grandes affiches à l’éffigie des porn stars qui font tourner la boutique, impose son style «upper class porn».
Steve Orenstein, de Wicked Pictures, assure que dans ses films, les acteurs portent un préservatif «obligatoire depuis dix ans». Impossible a vérifier, mais l’entreprise ne fait pas partie de la liste des seize noms ciblés par la plainte de Aids Health Foundation. Jessica Drake, l’une des actrices de Wicked Pictures, le confirme. Mais, disent-ils à l’unisson, «c’est une décision qui nous appartient».
Précautions
La résistance au port du préservatif a des raisons essentiellement économiques. «Cette industrie vend du fantasme, explique Mark Kernes, rédacteur en chef d’Adult Video News (AVN), groupe de presse de référence pour les professionnels du X. Toutes les entreprises qui ont essayé d’utiliser des préservatifs après des cas de VIH déclarés en 1998 ont vu leurs ventes chuter, certaines ont même fermé boutique.» Wicked Pictures a pourtant survécu. «Cela a eu un impact sur nos ventes, mais il est difficile de revenir en arrière quand on prend une telle décision, explique Steve Orenstein. La politique de Wicked, c’est de faire du sexe scénarisé, ce qui devient de plus en plus rare face à la vague de porno gonzo [filmé en gros plan et sans scénario, ndlr]. Les six femmes qui jouent dans nos films ont un contrat et sont salariées, on sait avec qui elles jouent.» Les ventes ont progressées grâce à cette stratégie de niche.
Mais pourquoi ne pas rendre le préservatif obligatoire pour les quelque 200 sociétés de production californiennes ? «Si cela devient obligatoire dans l’Etat de Californie, le business ira ailleurs», note Steve Orenstein. Le coût du test - un peu plus de 100 dollars (66 euros) -, n’est pas vraiment le souci car il reste à la charge des acteurs.
C’est «l’effet capote» qui est redouté. En témoigne Theresa Flynt, fille du célèbre Larry Flynt, à la tête de l’empire Hustler. Theresa Flynt- dont la belle-mère était elle-même atteinte du sida - occupe aujourd’hui un poste de vice-présidente chargée des opérations à Hustler : «Je suis pour le port du préservatif seulement si c’est un choix individuel. La procédure de tests mis en œuvre par l’industrie est suffisante, elle fonctionne.»
Diane Duke, lobbyiste, confirme : «Nous n’avons pas besoin de l’intervention du gouvernement. Les règles que l’on met en place sont efficaces. C’est une bonne autorégulation.» Diane Duke défend ainsi le travail de l’Adult Industry Medical (AIM), une clinique privée basée à Sherman Oaks et créée en 1998 par une ancienne star du porno. C’est là que s’effectue la majorité des tests de dépistage pour les acteurs de X. C’est là aussi qu’a été découvert le récent cas de sida, tout en refusant de révéler le nom de la personne touchée… ce qui aurait permis aux autres acteurs de prendre leurs précautions.
Amy Martin, du département de la Santé, doute fortement de la volonté de cette clinique de protéger les acteurs : «L’AIM ne se montre pas coopératif, nous avons dû faire une visite surprise dans ses locaux.» Sollicitée à plusieures reprises, AIM n’a pas souhaité nous répondre : «Nous n’avons aucun commentaire à faire aux médias», a déclaré sa porte-parole. Mais Diane Duke martèle : «L’industrie du porno travaille sur un code de bonne conduite réaliste par rapport à ses contraintes. Les autorités, elles, ne comprennent pas ce milieu et ne le respectent pas vraiment.»
Pourtant, même au sein du business, certains sont sceptiques : «Je ne fais pas trop confianceà AIM, confie Mark Spiegler. Ils ont un monopole et ce n’est jamais bon.»
Conscience des risques
Certaines actrices reconnaissent les limites du système. Ainsi, Bobbi Starr qui, à 26 ans, revêt toutes les apparences de la jeune femme classique, décrit ce milieu comme «un groupe de gens restreint qui ont des relations sexuelles les uns avec les autres. On ne connaît pas les résultats des tests des uns et des autres, on doit se faire confiance.» Elle envisage de créer un syndicat, comme c’est le cas pour les acteurs d’Hollywood, représentés par la Screen Actors Guild qui négocie les contrats avec les studios et fournit des services comme la couverture maladie. Quant à savoir pourquoi elle prend de tels risques, si elle en a conscience, en faisant ce métier, Bobbi Starr rétorque : «Ne cherchez pas du côté de mon enfance, j’ai grandi normalement.» Formation de musicienne, rencontre d’un homme qui connaissait le milieu et l’envie d’«expérimenter des choses».
La crise économique qui frappe de plein fouet le porno californien est un obstacle supplémentaire à l’obligation du port de la capote :«C’est de loin la pire crise que l’industrie du porno ait connue, explique Mark Kernes, du groupe de presse Adult Video News. Nous avons réduit les effectifs et nous allons fusionner plusieurs titres. Nos revendeurs connaissent une baisse des ventes de 30 % à 40 %.»
Lors d’un tournage gros budget avec arrivée en hélicoptère sur un toit de Los Angeles, Wicked Pictures se dit moins touché, victime d’«une baisse de 10 %».
Une jeune actrice nous montre d’emblée sa nouvelle poitrine, encore couverte de pansements et regonflée à la silicone. «C’est ce qui fait monter leurs tarifs», explique
une employée de Wicked présente sur les lieux. Dans ce milieu, le corps du travailleur n’est pas, d’abord, une entité humaine à protéger, mais une marchandise à vendre le plus
cher possible.
http://www.liberation.fr/monde/0101598800-contamines-sous-x