Les critiques littéraires sur le livre d'Erika Leonard James et les quelques extraits découverts sur le net ne m'ont pas donné le sentiment que j'étais la cible du phénomène. La communication, relayée par les critiques, avec un vocabulaire étrangement récurrent (bluette, mommy porn, Harlequin...) semblait désigner comme clientèle privilégiée un profil particulier : des mères ou femmes au foyer, avec des fantasmes inassouvis autrement que par une imagination assez simple. Rien à voir donc avec un lectorat de libertines décomplexées et aux fantasmes aussi assouvis que régulièrement renouvelés - même si elles sont mamans et mariées pour la plupart.

OK. Je prends note et je passe à autre chose. 

Et voilà qu'hier soir, nous passons une de ces soirées privées avec ce savoureux mélange de convivialité, coquineries, bonne chère, danse, vagabondage des conversations, ambiance sexe à la carte (du no sex au hard)... Et à un moment, je surprends un transfert de livre d'un sac à l'autre. Voilà les 50 shades of Grey qui changent de mains. Je m'enquiert de l'affaire. "Je l'ai dévoré et j'ai fait des rêves érotiques toutes les nuits" me dit Nath qui du coup le prête à K... Ah oui? Donc ça fonctionne aussi chez certaines libertines?

Mince, ce n'est même pas sûr qu'une telle information soit intéressante commercialement puisque précisément, la communication du livre se fait autour du porno soft et de la ménagère tranquille. Et ça voudrait dire que le livre a raté sa cible ou bien que les analyses des critiques ne sont pas pertinentes? Ou encore que finalement, l'imaginaire des bonnes épouses monoandres et celui des libertines joueuses et polyandres ne seraient pas si éloignés l'un de l'autre? Je le crois volontiers puisque j'ai été l'une et l'autre.

Mais au fait, ça lit quoi, une libertine?

De mon côté, je suis assez éclectique mais les livres qui m'ont le plus profondément marquée sont L'Amant de Lady Chaterley et Les vaisseaux du coeur. Parcours érotiques féminins uniques qui m'ont donné le sentiment que l'univers du sexe était infini et pouvait se jouer des tabous.

J'en ai lu bien d'autres, mais l'écriture était trop virile et les femmes trop subordonnées pour que je me sente concernée, ou bien, sous la plume de femmes, le trop tiède ou le trop cru m'ennuient et ne me parlent pas plus.

 Et vous, cokinettes qui passez par ici, que lisez-vous et quels sont les livres qui vous ont le plus marquées?