Eau fraise

"Les préservatifs protègent des sentiments". Je l'ai souvent entendu dire par des amies libertines et je viens d'expérimenter la connexion.

Je n'avais pas fait l'amour sans préservatif depuis deux ans.

Et comme ma romance en cours se développe, on en est arrivés à faire nos analyses et s'accorder suffisemment confiance pour arrêter la capuche, de façon bien sûr privilégiée et exclusive. Nous avançons tranquillement dans cette relation, à peu près au même rythme. Mais le lendemain du soir où nous avons fait l'amour totalement sans préservatif, j'ai éprouvé une progression fulgurante dans l'intensité de mes sentiments. 

Le soir même pendant nos câlins, tout allait bien et je n'ai pas éprouvé d'émotion particulière à sentir ce sperme que j'avais consenti à laisser couler en moi. J'étais dans le plaisir, le bien-être. Le lendemain matin, nous avons recommencé. J'ai réalisé que je ne me souvenais même plus comment on gérait la suite... Et oui, ce liquide qui ressort, qui coule longtemps après, alors qu'on a repris nos actes du quotidien, il faut bien l'empêcher de tâcher les vêtements, de sentir... tout ça, je l'avais oublié. J'avais expérimenté au cours des mois passés ce qui pouvait être de l'ordre de l'accident de préservatif, mais c'était de l'accident, je m'étais longuement lavée et relavée, j'en étais beaucoup gênée, presque dégoûtée, cela avait stoppé mes actes du quotidien sans s'y intégrer.

Ce sperme, dans notre culture récente du sida et du préservatif, c'est devenu un liquide qui doit rester à l'extérieur. Accepter qu'un homme éjacule à l'intérieur, c'est déjà lui accorder une grande confiance et une place extrêmement privilégiée. Mais encore, le fait d'accepter que le sperme pénètre dans l'intériorité du corps, dans l'intimité du vagin amène la femme à intégrer l'homme qui l'y a mis bien au delà d'un partenaire de plaisir. Cela résonne dans les zones du cerveau où il est question de fécondité, de futur. D'où l'adage des libertines "Les préservatifs protègent des sentiments", surtout des sentiments. 

Je n'ai jamais entendu cet adage dans la bouche d'un homme, mais je n'ai pas tout entendu non plus.

En tous cas je ne me souvenais pas qu'il fallait que je me prépare à placer une barrière entre un rapport sexuel sans préservatif et mon univers affectif, au risque sinon d'une augmentation exponontielle et incontrôlable de mes sentiments. Et c'est ce qui est arrivé. Il aurait fallu que je me prépare et je ne l'ai pas fait.

Ce manque de réflexion ou de maturité de ma part est d'autant plus regrettable que j'avais expérimenté lors de cette relation tendre mais éphémère du printemps dernier quelque chose de proche. J'avais fait avec cet homme une fellation jusqu'au bout, en l'avalant. J'avais bien réalisé que ce n'était que parce qu'il y avait  ce contexte de sentiments et de confiance que j'avais joué ce jeu de plaisir privilégié, mais je n'en avais pas vraiment tiré les conséquences.

J'en viens d'ailleurs à me demander si l'obsession des cinéastes porno pour l'éjaculation faciale ne vient pas de ce qui est devenu le tabou de l'éjaculation dans le vagin. Il me semble que l'intimité du visage est celle qui vient juste après celle du vagin. A défaut du vagin devenu interdit par le sida, le sperme rejoint l'intimité possible du visage. Bien sûr, il y a également dans l'éjaculation faciale le côté exhib mais cela intéressait apparemment beaucoup moins les cinéastes d'avant l'ère de la capote.

Pourquoi j'aurais dû me préparer à mettre des barrières - amovibles, bien sûr, mais quand même? Parce que du coup je me suis trouvée à baigner dans un genre d'euphorie sentimentale. A ne plus avoir envie d'autres partenaires. A entrer dans une exclusivité qui va au delà du rythme de la relation. A devenir vulnérable.

Je lui ai parlé de ce que je ressentais en lui demandant s'il pensait que je me mettais en danger en ne mettant pas de frein à cette euphorie. Il a répondu exactement ce que je pressentais. Et qui est un fait basique qui limite à mon avis cette relation. Il n'a pas encore d'enfants, il a un projet de vie dans lequel il en souhaite et je ne peux plus en avoir. Il avait déjà pensé à cela, ce qui implique tout de même que notre relation est suffisamment sérieuse pour que la question se pose. Il m'apprécie beaucoup. Lui même éprouve désormais peu d'envie d'avoir d'autres partenaires. Mais... 

Voilà ce que c'est de faire la maline et d'avoir des amants plus jeunes que moi...

Alors j'ai repris les choses en mains pour gérer mes sentiments et limiter les projections.

Mais tout de même, il y a quelque chose d'absurde dans tout ça. Le sperme, la reproduction...

Jeudi 24 décembre 4 24 /12 /Déc 16:15

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