A travers cette relation sentimentale qui se développe depuis quelques mois, je redécouvre l'impression de manque que j'avais oubliée dans ma vie de femme. Et bien c'est très désagréable! lol

 

Quand j'ai commencé ce blog, une des premières choses dont j'ai parlé concernait l'ingratitude du libertinage solitaire, parce qu'il faut s'adapter à de nouvelles règles du jeu dans les relations hommes-femmes avec maintien d'une certaine distance. Cela peut prendre des mois ou des années, mais au terme de cette adaptation, la satisfaction pour une femme est immense et peut même aboutir à donner naissance à des couples libertins avec des amis-amants privilégiés.

 

Autant que j'aie pu le constater personnellement ou en discutant de cela avec des complices féminines, il n'y a aucune impression de manque dans une vie de libertine où les sollicitations et les marques d'attention souvent très touchantes sont permanentes. D'où la notion de reine des abeilles. Individuellement, on n'a rien de particulier pour cela, on est juste un phénomène social qui correspond à une demande trop peu satisfaite. La diversité et l'intensité des relations avec nos partenaires exclut la notion de manque. Et on s'habitue à ce confort d'être toujours dans l'abondance en oubliant l'attente ou l'insatisfaction. La notion de manque disparaît de notre fonctionnement mais pas celle de désir sexuel ni celle d'envie de revoir certains partenaires. Mais cette éventuelle envie de les revoir s'exprime de façon passive, nous les acceptons, nous les sollicitons rarement. Tout simplement parce qu'il y a tant de sollicitations que cela limite le temps et l'énergie à consacrer à la "chasse". C'est notamment pour cela que je doute de l'existence réelle, au delà du fantasme, de la "cougar", en tous cas dans le monde libertin. De leur côté, ils ont presque toujours envie de nous revoir et sont prêts à bien des choses pour cela.  

 

Et il me semble que c'est quelque chose de très spécifique au statut de libertine seule, parce qu'il y a beaucoup moins de femmes que d'hommes. Les hommes libertins sont donc bien plus sujets au manque que nous. Et même à la frustration, au sentiment d'injustice... Je pressens déjà les termes du commentaire que ne "manquera" pas de poster M. Chapeau sur cette question .

  

Et c'est souvent que nos complices masculins pianotent sur la gamme du manque au désir qui se renouvelle, puis à l'attachement.

 

Les raisons de la propension de nos partenaires à s'attacher à nous est un sujet de conversation que nous avons eu à plusieurs reprises avec Anouk. Et elle qui est si correcte dans ses propos a formulé un jour l'explication suivante : "C'est parce que nous ne sommes pas chiantes." Bien sûr, on ne reçoit que les offrandes sans exiger autre chose que le respect. Comment serions-nous "chiantes"?

 

Cela me rappelle cette fameuse et terrible parabole de Jacques Brel sur les relations hommes-femmes, abominable de réalisme et qui m'avait sidérée la première fois que je l'ai entendue :

"Je crois qu'un homme est un nomade. Il est fait pour se promener, pour aller voir de l'autre côté de la colline. Je parle de l'homme, du mâle. Je crois vraiment ça. Et je crois que par essence la femme l'arrête. Alors l'homme s'arrête près d'une femme et puis la femme a envie qu'on lui ponde un oeuf, toujours, toutes les femmes du monde ont envie qu'on leur pondent un oeuf, et je comprends ça. Et puis on pond l'oeuf. Alors l'homme il est bien bon - mais il est gentil, il calcule infiniment moins que la femme. Je ne dis pas que la femme est méchante, je dis que l'homme est con. Voilà ce que je dis. Et l'homme, il reste près de cet oeuf. Et alors il faut de la paille en dessous. Alors on met de la paille. L'homme il va chercher de la paille pour mettre en dessous de l'oeuf. Et puis un jour il pleut. Alors là, il va chercher de la paille, et il fait un toit. Et puis après il y a des courants d'air, alors il bâtit des murs. Et puis après il reste là. Et l'homme est un nomade. Et toute sa vie l'homme - je crois - un homme normal rêve de foutre le camp... vers des espèces d'aventures quelles qu'elles soient... "

(Inverview de 1971 à Knokke. Voir le texte complet de l'interview ici par exemple)

 

Et bien il y a forcément des moments où cet homme, aussi bon et con soit-il, se dit de cette femme qu'elle est chiante.

 

La libertine seule est aux antipodes de cette femme décrite par Brel. La première n'exige rien d'autre que le respect et obtient beaucoup, la seconde est étouffante d'exigences qu'elle n'obtient pas forcément. 

 

Dans la vie que je mène aujourd'hui, je ne veux plus sentir qu'un homme éprouve même une ébauche de ce genre d'impression négative à mon égard. Je veux juste que mon petit nid soit considéré comme un objet de convoitise renouvelée ...

 

Mais je sens que ce manque que je redécouvre à travers cette relation de couple amoureux me rend un peu nerveuse et autant que possible, je voudrais éviter de devenir "chiante"...

 

D'autant qu'inversement, Lui est passé du manque chronique qui est l'état naturel de l'homme libertin au confort de la vie de couple dans laquelle est conservée une large liberté. Il y a de quoi au contraire devenir très zen.

 

Il faut que j'apprenne encore bien des choses...

 

Lundi 4 octobre 1 04 /10 /Oct 14:48

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Commentaires

Ah, tu me connais bien ! C'est vrai que la métaphore de la reine des abeilles fonctionne encore très bien quand on l'inverse pour les hommes. La plupart des hommes seuls libertins sont des abeilles ouvrières. Nombreux et interchangeables. Jamais sollicité par la reine, ils oeuvrent à la satisfaire, mais elle les remarque à peine.

J'ai dépassé le stade où je trouvais ça injuste. (Ou plutôt où cette injustice flagrante et patentée me choquait.) Mais ce sont toujours des situations qui ne m'intéressent pas vraiment. En tant que simple abeille ouvrière, c'est simple : je ne bande pas ! Principalement, je pense, parce que dans cette position, je ne ressens pas le désir de la femme. (Peut-être, justement, parce qu'il n'est pas là ?)

J'ai eu de bien meilleures expériences en duo, en trio ou groupe équilibré h/f que lors de pluralité masculine. Et plus le ratio est déséquilibré, pire c'est ...

 

Quand au reste de ton billet, j'espère que tu trouveras ton bonheur dans cette nouvelle étape. D'expérience, former un couple de libertins est un long chemin, mais la destination en vaut la peine.

commentaire n° :1 posté par : M. Chapeau le: 04/10/2010 à 23h26

Merci!

réponse de : Flo gourmande le: 05/10/2010 à 07h55

Tout d'abord on vous souhaite plein de bonheur, on avait vu le petit sujet a notre retour de vacances concernant cette nouvelle relation et le temps est vite passé et nos voeux de bonheur se sont retardés !! Désolé. Pour ce qui est d'être chiante, je crois que le dialogue dans le couple doit etre à la base de tout, chez nous c'est pour tous les sujets, et c'est la base de la confiance. Sur le libertinage on a rien à vous apprendre, on vous a plutot solliciter pour des conseils, une chose est sure ca fait 15 ans que nous sommes marié et pour arriver a coquiner ensemble nous sommes passé par de longs dialogues, sur notre vie de couple, nos attentes, nos desirs, ensuite on concilie les deux et on avance pas a pas et main dans la main, et le jour ou l'on se rend compte qu'un grain de sable se pose sur le rail, on en parle et on le sort ensemble !! Ainsi on s'evite d'ennuyer l'autre et franchement je vous souhaite mes 15 ans de mariage même si notre route a été semée d'embuche (je pourrais etre veuf) mais on a tout surmonté ensemble et je ne donnerais en mariage ma Lily a personne !! Bises a vous gourmande.

commentaire n° :2 posté par : Mr Blue-Lily le: 11/10/2010 à 16h37

Merci beaucoup pour ce petit message très touchant.

Je ne doute pas que le dialogue et la confiance soient essentiels dans votre couple, cela se sent. 

Cet article sur le manque et le risque d'être "chiante" était un clin d'oeil à cette transition qui comporte bien des aspects qui m'étonnent et me réjouissent en même temps.

Je crois que notre entente et notre envie de nous entendre, au sens propre comme au sens figuré, sont suffisemment constructives pour qu'on évolue favorablement...

réponse de : Flo gourmande le: 11/10/2010 à 19h33

Bonsoir Gourmande;

 

La propension des hommes à s'attacher aux femmes, et en particulier libertines....

L'homme aime dominer, sa domination ou possession passe par la propriété, l'argent, le fait d'avoir une femme... Et si celle-ci est libertine, c'est un peu comme s'il attrapait l'oiseau éprit de liberté... Et lorsque cette même femme le laisse, ne le relance plus, c'est une "double peine" : celle d'avoir laisser échapper l'oiseau, mais aussi, celle de se renconte que finalement, le dominé, le possédé, c'est lui. Car c'est elle qui dispose, désormais, non plus lui ;)

 

commentaire n° :3 posté par : Vinibx30 le: 16/01/2012 à 23h52

C'est très bien vu et joliment dit!

réponse de : Gourmande le: 17/01/2012 à 07h19

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